L'Early Access vous fait flipper ? Alors on essaye pour vous. Montré pour la première fois fin 2015, passé par Kickstarter (où il a récolté plus de 500.000 dollars), ayant été forcé de changer de nom à cause de Bethesda, Praey for the Gods est le projet ô combien attirant d'un petit collectif indépendant de trois âmes, No Matter Studios. A l'heure où il se laisse approcher en accès anticipé, peut-on entrevoir une future perle du jeu indépendant ?
Les premières ébauches du jeu ne laissaient planer aucun doute : chez les développeurs de Kirkland, l'idée était de créer cette suite que Shadow of the Colossus n'aura jamais. Encore aujourd'hui, alors que l'on fait connaissance avec l'héroïne de Praey for the Gods, qui se réveille échouée sur une rive enneigée et qu'on aide d'abord à progresser face au blizzard, on ne peut s'empêcher de penser à l'oeuvre globale de Fumito Ueda. Les choeurs plaintifs et les notes délicates qui viennent recouvrir le bruit du vent enragé et de l'écho de nos pas dans une cave glaciale confirment, avec une esthétique fantasy et minimaliste, si ce n'est un emprunt au moins une énorme inspiration. Et lorsqu'un premier colosse se voit réveillé par nos soins, que la musique devient épique, que le sol tremble, que l'on s'affaire à escalader le géant jusqu'à ses points faibles (des sortes de fusibles à tirer puis pousser énergiquement) avant qu'il ne s'arrête, il n'y a plus aucun doute. Ce qui n'est pas déplaisant.
Hommage ou désespoir ?
Encore moins déplaisant, cette absence de paroles, appuyant sur la sensation de solitude, et ce voile de mystère qui entoure la suite de l'aventure. Évanouie après son effort, la protagoniste est menée en lieu sûr, à l'abri du froid, par un loup qui a vite fait de disparaître. L'endroit où elle reprend connaissance a tout l'air d'un lieu de culte. Un mur indique que quatre autre géants attendent. Le ciel indique quel est le prochain. Qui est-on ? Pourquoi fait-on ceci ? Les questions ne trouveront pas de réponses en restant les bras croisés. Alors on emprunte le long corridor qui mène à l'extérieur. Le monde qui nous entoure est vaste. Tout peut commencer.
Précédemment, on avait pu mettre la main sur un grappin qui nous laisse nous rendre vers des points d'accroche métalliques. La descente vers les plaines recouvertes d'un épais manteau blanc se fera avec un parachute tout droit sorti de Breath of the Wild, qui pompera lui aussi allègrement dans une réserve d'endurance bien faible. Dire que les phases d'exploration font penser au joyau de Nintendo relève de l'euphémisme. Outre le fait que l'on peut escalader de nombreuses surfaces pour découvrir, par exemple, des grottes renfermant cartes de la zone et autres ressources, et que la jauge d'énergie fond de manière hallucinante lorsque l'on court ou grimpe, il faut aussi songer à sa survie et au renouvellement de son arsenal, fragile. Qu'il s'agisse d'un arc, d'une massue, d'une hache rudimentaire ou encore d'une épée, il faut savoir que chaque coup rapproche de la destruction. Et si l'on peut toujours trouver des armes en farfouillant ou en éclatant des caisses, pas question de tout miser sur la chance.
Girl vs Wild
Face à un environnement hostile, soumis à une météo qui peut s'emballer et vous congeler encore plus rapidement, vous avez l'obligation de surveiller votre estomac, votre sommeil et température corporelle - dont les niveaux sont indiqués dans le coin inférieur droit de la lucarne de jeu. Manger ? Il est possible de chasser le lapin, le cerf, le sanglier ou de cueillir des fruits... Dormir ? Trouvez un sac de couchage ou certains types de boisson. Se réchauffer (en attendant que la nuit passe) ? Des feux de camp sont disséminés un peu partout et avec un peu de bois, vous pourrez en profiter. Ce sera l'occasion de passer par un menu qui vous laisse cuisiner mais aussi fabriquer ce dont vous avez besoin. Les cordes, fibres, métaux et peaux de bêtes doivent être conservés pour améliorer ses vêtements (torse, bras et jambes). La résistance au froid et aux coups se verra renforcée. Agrandir la place dans son sac s'avère aussi vital. Et dès lors que vous avez à tabasser des squelettes, des spectres ou même éviter les frappes des colosses - entreprise compliquée par certaines animations et blocages étranges, ou une résistance physique très faible, qui empêche de faire péter les esquives à tout bout de champ. Les allers-retours en lieu sûr, parfois en boitant, sont plus que conseillés.
La classe de neige
Le monde de Praey for the Gods, quelle que soit la difficulté choisie (sur quatre niveaux proposés), ne retient pas ses coups. Et les coups, vous le savez, quand ils vous arrivent, oui, ça fait mal. La façon dont il habille les trajets entre chaque "Boss" se montre efficace. Bien que très peu animés, sauf par des bestioles aux I.A. discutables, les lieux visités semblent toujours vivants, habités - des chuchotements et râles presque imperceptibles aident à ne pas se sentir totalement serein. Les quelques architectures antiques entraperçues révèlent parfois de petits puzzles à base de flammes et d'offrandes. Il semble que la map grouille de secrets. Notamment des statuettes qui, par trois, offrent un peu plus de vitalité. Et des créatures plus imposantes qui plairont beaucoup aux amateurs de roulades.
Et même s'il n'est prévu que cinq antagonistes principaux (dont un volant, bien sûr), il y a ici de quoi s'amuser pendant plusieurs heures autour d'eux et avec eux. Trouver comment atteindre leur fragilité et ne pas finir en crêpe peut demander de la persévérance. En n'étant pas trop exigeant concernant l'aspect brut des animations, des enchevêtrements de polygones et blocages suspects, et peu regardant sur une technique parfois chancelante, on trouve ici un mix intéressant entre survie, exploration et action, facile d'accès, assez ravissant, ensorcelant même, pour lequel on espère une fin de développement paisible et appliquée.
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INDICE DE CONFIANCE : 60% | ||||
Une expérience captivante mais encore loin d'être parfaite. Les fans des deux titres qui ont grandement influencé Praey for the Gods pourront sans problème s'acquitter des 24,99 euros nécessaire à son obtention. Après plusieurs heures passées à errer, survivre, se renforcer, batailler, percer quelques secrets et coucher des colosses, on peut dire que le potentiel est là. No Matter Studios a encore pas mal de boulot à abattre pour empêcher que la frustration ne prenne le pas sur l'amusement et l'émerveillement. Pour l'heure, si vous êtes allergiques aux bugs, aux collisions hésitantes, et aux avatars à l'endurance et l'agilité douteuses, peut-être est-il plus sage d'attendre un jeu fini grâce aux retours de ceux qui ont craqué sur cette Early Access. On peut y croire. Praey for the Gods est prévu sur PC, PS4 et Xbox One. |
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ON A AIMÉ : | ON N'A PAS AIMÉ : | |||||
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